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L’impulsion pour le « Plan d’action pesticides luxembougeois »

Dans le cadre de la révision du « Plan d’Action Pesticides » luxembourgeois, la « Ecologesch Landwirtschaftsberodung » de l’Oekozenter Pafendall a organisé le jeudi 12 mars 2015 un événement technique sous le titre : « Impulser fir de Lëtzebuerger Aktiounsplang Pestiziden – praktikabel Moossname fir d’Landwirtschaft am Respekt vun Ëmwelt a Gesondheet ». Représentants des administrations, conseillers, spécialistes des sciences naturelles, agriculteurs, élèves et enseignants : un public mixte et large d’environ 90 participants s’est réuni dans la salle de bal du LTA à Ettelbrück. Trois intervenants ont présenté le contexte, les mesures et les exemples de bonnes pratiques de nos pays voisins, l’Allemagne et la France, à partir de la recherche et de la pratique des plans d’action nationaux respectifs :

Exigences pour une protection durable des végétaux

Le Dr Tobias Frische, écotoxicologue à l’Agence fédérale de l’environnement, a parlé de la nécessité de plans d’action nationaux et de la protection durable des plantes dans une perspective environnementale. Le programme pour une protection durable des cultures présenté par le Dr Frische comprenait les 5 points suivants :

  •     Minimisez l’utilisation,
  •     Identifier, quantifier et communiquer les risques,
  •     Optimiser la gestion des risques,
  •     Compenser les impacts inévitables,
  •     Internaliser les coûts externes.

Le système de production de l’agriculture conventionnelle est dépendant des pesticides chimiques. Afin de réduire les risques, la première priorité est de minimiser le niveau dit nécessaire d’utilisation des pesticides. Il a précisé que les pesticides chimiques sont toujours une technologie à risque, avec des dangers pour l’environnement biotique (flore et faune) et abiotique (eau potable). Seule une plus grande transparence permettra aux décideurs politiques et aux consommateurs de prendre des décisions judicieuses. Les informations sur les traitements pesticides dans la production des produits individuels doivent être connues du consommateur et, si nécessaire, visibles dans le prix. En effet, les coûts de la compensation des dommages et de la réduction des risques liés à l’utilisation des pesticides sont actuellement supportés par la société dans son ensemble. Ce préjudice monétaire devrait absolument être présenté de manière transparente par un organisme indépendant dans le cadre d’une analyse avantages-coûts, selon la demande du Dr Frische.

Indicateurs et lignes directrices – le plan d’action national en Allemagne

Sous le titre Plan d’action national pour l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques (PAN) en Allemagne – Situation actuelle et critiques, l’agronome Daniel Neuhoff (Université de Bonn) a brièvement présenté les objectifs du plan d’action allemand, puis a expliqué comment, selon lui, les taux d’application des pesticides peuvent être réduits. Il voit des moyens de parvenir à une minimisation permanente, principalement dans le soutien financier accru des systèmes de production qui nécessitent moins ou pas de pesticides, comme l’agriculture biologique ou la production intégrée. Il faudrait que certains aspects de la production intégrée deviennent vérifiables, comme c’est déjà le cas dans l’agriculture biologique. C’est pourquoi l’Allemagne travaille actuellement à l’élaboration de lignes directrices et d’indicateurs spécifiques aux cultures pour la mise en œuvre de la production végétale intégrée. Les moyens agronomiques, en premier lieu une conception bien pensée de la rotation des cultures, devraient être à nouveau envisagés dans une plus large mesure comme mesure préventive. Les chiffres des cultures luxembourgeoises confirment que les rotations de cultures étroites conçues pour le travail du sol en hiver – une circonstance qui favorise la flore adventice – sont répandues dans les champs. Il a plaidé pour la recherche de mesures alternatives. Les mesures qui sont efficaces, éprouvées et économiques doivent être diffusées. Pour couvrir les risques, les agriculteurs qui adoptent de nouvelles mesures doivent être récompensés de manière adéquate.

Plan écophyto 2018 – une approche participative

Pascaline Pierson, collaboratrice de l’Institut français ARVALIS et experte de la cellule de coordination du réseau de fermes de démonstration « réseau DEPHY Ferme », a présenté le plan d’action français « plan écophyto 2018 ». Il est peu probable que ce plan permette d’atteindre l’objectif fixé en 2008, à savoir une réduction de 50 % des pesticides d’ici 2018. Néanmoins, depuis 2009, le « réseau DEPHY Ferme » a connu des succès (12 % de traitements pesticides en moins). Les conseillers et les agriculteurs de ce réseau collaborent au sein de groupes de travail régionaux afin de trouver des mesures appropriées pour la réduction des pesticides dans les systèmes dits de culture. Un système de culture est défini par une certaine rotation des cultures et les mesures techniques prises pendant la culture des différentes cultures. Cette approche facilite l’échange de mesures de réduction entre les agriculteurs ayant les mêmes systèmes de culture. Les vis de réglage d’un système de culture sont publiées et diffusées dans des guides pratiques régionaux et sur Internet. Cette approche participative est sans doute l’une des raisons du grand nombre d’agriculteurs participants et de leur motivation à rechercher des solutions innovantes.

Le conseil agricole « intégrée » – une solution possible?

Lors de la discussion qui a suivi avec le secrétaire d’État Camille Gira et le directeur de l’administration des grandes cultures Léon Wietor, ainsi qu’avec les trois intervenants, il a été convenu que la minimisation des risques doit également passer par une réduction de l’utilisation. Léon Wietor, directeur de l’ASTA, a assuré que de nouvelles méthodes de désherbage mécanique étaient déjà testées. Il considère le plan d’action national comme un projet continu dont le contenu, les objectifs et les mesures seront développés et concrétisés au fil des ans. On ne dispose pas encore de chiffres fiables sur la quantité de pesticides utilisés, ce qui rend difficile la définition d’objectifs de réduction. Bien que M. Gira soit plus intéressé par le résultat final que par les mesures pour l’atteindre, il n’accorderait pas trop d’importance aux objectifs quantifiés. La France a obtenu peu de résultats au cours des années du plan d’action « écophyto », malgré des objectifs ambitieux. M. Gira a mentionné qu’avec l’aide de fonds européens, un projet de conseil agricole dit « intégré » est actuellement en cours d’extension. Pour l’instant, aucune information n’a pu être donnée sur la forme concrète de ce service de conseil. Une approche intégrative et holistique avec la participation des acteurs des secteurs de l’environnement et de l’agriculture, y compris les agriculteurs, suivant le modèle français, serait la bienvenue à ce stade. Toutefois, l’ampleur d’un tel projet est déterminante pour son impact. Elle ne doit donc pas rester une simple création d’emplois pour les structures de conseil existantes. L' »Ekologesch Landwirtschaftsberodung » est favorable à la création d’un centre de compétences agricoles auquel participeraient des acteurs de l’agriculture, de la protection de l’environnement, de la protection de la nature, de la protection des consommateurs, etc. Des conseils holistiques, des groupes de travail et un réseau de fermes de démonstration sont des aspects importants pour la diffusion de nouvelles méthodes d’agriculture résiliente parmi les praticiens. Le « Plan d’action national contre les pesticides » doit – également comme base de discussion – fixer des objectifs quantitatifs et temporels en cours de route.

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